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Coup d'Etat militaire en Guinée-Bissau, le président Embalo destitué
information fournie par Reuters 26/11/2025 à 23:48

(Actualisé avec déclaration vidéo de Fernando Dias §6-8)

Un groupe d'officiers de l'armée de Guinée-Bissau a destitué mercredi le président Umaro Sissoco Embalo, ordonné la fermeture des frontières et suspendu le processus électoral alors que le pays était dans l'attente des résultats officiels du scrutin présidentiel organisé dimanche.

Le président sortant ambitionnait de devenir le premier dirigeant en trente ans à remporter un second mandat consécutif en Guinée-Bissau.

Il a confirmé avoir été renversé à la chaîne télévisée France 24. "J’ai bien été renversé, je ne peux pas trop parler car sinon ils vont me confisquer mon téléphone. Je suis actuellement à l’état-major".

Lors d'une déclaration télévisée, les officiers ont annoncé la création d'un "haut commandement militaire pour le rétablissement de l'ordre" ainsi que leur prise de pouvoir jusqu'à nouvel ordre.

Les militaires n'ont pas précisé s'ils avaient placé le président déchu en détention mais deux sources sécuritaires ont déclaré à Reuters qu'il était détenu dans les bureaux du chef d'état-major de l'armée.

Dans une déclaration vidéo diffusée par son équipe de campagne mercredi soir, Fernando Dias, principal adversaire du président sortant lors du scrutin, a déclaré qu'il était libre et en sécurité après que des hommes armés ont tenté de l'arrêter.

L'ancien Premier ministre Domingos Simões Pereira, battu par Umaro Sissoco Embalo lors des élections de 2019, a lui été arrêté, a affirmé Fernando Dias.

"Nous avons été la cible d'une fausse tentative de coup d'État pour la simple raison que j'ai remporté l'élection (...) Il s'agit d'une simulation", a-t-il ajouté.

Les deux sources de sécurité avaient déclaré à Reuters que les deux hommes se trouvaient également en détention.

On ignore dans l'immédiat si les officiers putchistes bénéficient du soutien de toutes les forces armées, divisées, de Guinée-Bissau ou si elle contrôle l'ensemble du pays, qui compte environ 2 millions d'habitants.

Ils ont justifié leur prise de pouvoir en affirmant qu'il existait un plan de déstabilisation fomenté par "certains politiciens nationaux" et "des barons de la drogue nationaux et étrangers bien connus", ainsi qu'à une tentative de manipulation des résultats électoraux.

Le petit pays côtier situé entre le Sénégal et la Guinée est réputé pour être une plaque tournante du trafic de cocaïne à destination de l'Europe.

Les observateurs de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de l'Union africaine (UA) ont exprimé leur inquiétude face à la situation.

"Il est regrettable que cette annonce (de coup d'État) soit intervenue au moment même où les missions venaient de conclure une rencontre avec les deux principaux candidats à la présidence, qui nous avaient assuré de leur volonté d'accepter la volonté du peuple", ont déclaré les observateurs.

Les missions d'observation, auxquelles participaient l'ancien président du Mozambique, Filipe Jacinto Nyusi, et l'ancien président du Nigeria, Goodluck Jonathan, ont appelé les instances régionales à prendre les mesures nécessaires pour rétablir l'ordre constitutionnel.

COUPS DE FEU

Peu avant l'annonce, des coups de feu ont retenti dans la capitale, Bissau, près du siège de la commission électorale, du palais présidentiel et du ministère de l'Intérieur, selon des témoins. Les tirs ont duré environ une heure, mais semblaient avoir cessé vers 14h00 GMT, a indiqué un journaliste de Reuters.

"Les gens courent dans tous les sens", a déclaré un chauffeur à Bissau qui a souhaité rester anonyme, décrivant des scènes de panique.

On ne disposait encore d'aucune information concernant d'éventuelles victimes.

La commission électorale devait annoncer jeudi les résultats du premier tour de l'élection présidentielle à laquelle participaient notamment Umaro Sissoco Embalo et Fernando Dias. Les deux camps avaient revendiqué la victoire dès ce tour de scrutin.

Un porte-parole du chef d'Etat, Antonio Yaya Seidy, a déclaré à Reuters que des hommes armés non identifiés avaient attaqué la commission électorale pour empêcher l'annonce des résultats du vote.

Il a affirmé que ces hommes étaient affiliés à Fernando Dias, sans toutefois fournir de preuves.

L'ancien Premier ministre Domingos Simões Pereira, qui a perdu face à Umaro Sissoco Embalo lors d'un second tour contesté en 2019 et qui a soutenu Fernando Dias lors de cette élection, a déclaré que ce dernier n'avait rien à voir avec l'attaque de la commission électorale.

Selon Domingos Simões Pereira, Fernando Dias rencontrait des observateurs électoraux lorsque "des personnes ont fait irruption dans la pièce pour annoncer qu'il y avait des coups de feu dans le centre-ville".

Fernando Dias est sain et sauf à Bissau, avait-il ajouté, avant que des sources sécuritaires n'indiquent à Reuters qu'il était en détention.

La Guinée-Bissau a été secouée par au moins neuf coups d'État et tentatives de coups d'État entre 1974, date à laquelle elle a obtenu son indépendance du Portugal, et 2020, date à laquelle Umaro Sissoco Embalo a pris ses fonctions.

Le président sortant affirme avoir survécu à trois tentatives de coup d'État durant son mandat. Ses détracteurs l'accusent de créer des crises artificielles pour justifier des mesures de répression.

Le Portugal a appelé les institutions gouvernementales à reprendre leurs activités normales et à procéder au dépouillement des votes et à la proclamation des résultats.

Toutes les personnes impliquées dans les troubles doivent "s'abstenir de tout acte de violence institutionnelle ou civique", a ajouté le gouvernement portugais.

(Reportage Alberto Dabo, avec la contribution d'Ayen Deng Bior, Bate Felix, Ngouda Dione et Robbie Corey-Boulet ; version française Blandine Hénault et Kate Entringer)

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